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porté et de si fervents ? que jamais plus les regards d’un apôtre ne se portèrent sur ces contrées désertes, encerclées d’une infranchissable muraille, où Jésus-Christ, par ses prêtres, avait accompli de si grandes choses ? Non pas, certes. Le feu que, subitement, découvrirent sous la cendre les missionnaires du XIXe siècle n’était point consumé. De pieuses mains l’entretinrent au milieu des plus terribles dangers ; de généreux cœurs vinrent, en plusieurs fois, l’attiser et souffler sur cette braise qui n’attendait qu’un peu d’air pour brûler à nouveau.

De 1640 à 1844, la législation japonaise reste formelle sur les rapports du pays avec les étrangers. Tout prêtre qui pénétrait sur le territoire du Mikado était mis à mort ; tout Japonais qui sortait de son pays ne pouvait y rentrer sans subir la même peine. Les quelques Hollandais qui restèrent à Deshima durent acheter leur séjour au prix des plus humiliantes conditions : défense leur était faite de manifester leur foi par aucun signe extérieur. Cependant, dès 1642, quelques jésuites se hasardèrent à rentrer au Japon. Ils furent immédiatement saisis et longuement martyrisés : « L’empereur du Japon condamne ceux-ci à mort pour avoir prêché la foi romaine qu’il a défendue en tous ses royaumes », put-on lire sur le dos des condamnés ; et, comme s’il voulait par là prouver l’invincible persistance de la vie chrétienne en ses États, au cours de 1666, le