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frappaient la tête avec celles de leurs enfants… [Un jour] on fit creuser sept fosses à deux brasses l’une de l’autre ; [le bourreau] y fit planter des croix sur lesquelles on étendit les patients et après qu’on leur eût pris la tête avec deux ais échancrés, on commença à leur scier, avec des cannes dentelées, aux uns le cou, aux autres les bras ; on jetait de temps en temps du sel sur leurs plaies et ce cruel supplice dura cinq jours de suite sans relâche. »

La persécution, du reste, ne respectait personne. Quatre ambassadeurs portugais de Macao arrivèrent, en 1640, à Nagasaki, avec une suite de soixante-quatorze personnes. Sommés de renier leur foi, ils refusèrent courageusement et furent, sans autre retard, condamnés à mort, avec leurs gens. Treize matelots qui peut-être avaient apostasié, purent rentrer à Macao avec cet avertissement terrible : « Tant que le soleil échauffera la terre, qu’aucun chrétien ne soit assez hardi pour venir au Japon ! Que tous le sachent : quand ce serait le roi d’Espagne en personne ou le Dieu des chrétiens ou le grand Shaka lui-même, celui qui violera cette défense le paiera de sa tête ! »

Ainsi, pour deux grands siècles le Japon refermait ses portes à l’étranger et retombait dans le paganisme. Est-ce à dire, cependant, que toute vie religieuse se soit éteinte en ce malheureux pays ? qu’il ne restât plus de chrétiens sur cette terre qui en avait tant