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l’homme reste le même sous toutes les latitudes et à travers tous les âges, dès que la bête qu’il porte en lui est déchaînée, dès qu’elle n’est plus tenue en laisse par ces fortes et puissantes chaînes de la religion et de l’autorité. En 1627, on vit des chrétiens plongés dans des étangs glacés, descendus à l’intérieur de la cheminée d’un volcan, le mont Onsen, jetés la tête en bas dans des fosses remplies d’immondices. Des Hollandais, témoins oculaires de ces scènes d’épouvante, en ont laissé un émouvant récit : « Aux uns on arrachait les ongles, racontent-ils ; on perçait aux autres les bras et les jambes avec des vilebrequins ; on leur enfonçait des alènes sous les ongles et on ne se contentait pas d’avoir fait tout cela une fois, on y revenait plusieurs jours de suite. On en jetait dans des fosses pleines de vipères ; on remplissait de soufre et d’autres matières infectes de gros tuyaux et on y mettait le feu, puis on les appliquait au nez des patients afin qu’ils en respirassent la fumée, ce qui leur causait une douleur intolérable. Quelques-uns étaient piqués par tout le corps avec des roseaux pointus, d’autres étaient brûlés avec des torches ardentes. Ceux-ci étaient fouettés en l’air jusqu’à ce que leurs os fussent tout décharnés. Ceux-là étaient attachés les bras en croix à de grandes poutres qu’on les contraignait de traîner jusqu’à ce qu’ils tombassent en défaillance. Pour faire souffrir doublement les mères, les bourreaux leur