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lique avait des missionnaires et des marchands, la Hollande et l’Angleterre avaient leurs prédicants et leurs hommes d’affaires. Le Japon était un trop brillant enjeu pour que chacun de ces États ne cherchât pas, par tous moyens, à l’attirer dans son orbite et dans sa sphère d’influence, quitte à périr tous trois plutôt que d’en voir un éliminer définitivement les autres. Yeyasu fut à nouveau, comme son prédécesseur, circonvenu par les ennemis de l’Église. Hollandais et Anglais reprirent, avec une haine égale à celle que déployaient les protestants d’Europe à l’égard des catholiques, le vieux thème inventé par les bonzes, entretinrent habilement les craintes du Shogoun contre de nouvelles tentatives de l’Espagne et représentèrent les chrétiens japonais, les seigneurs surtout, comme pleinement dévoués à la politique du roi catholique. Le résultat d’aussi basses manœuvres ne se fit pas attendre. En 1613, Yeyasu condamnait quatorze nobles vassaux de sa cour, à la confiscation et à l’exil : c’était le commencement de la grande persécution. La province d’Arima suivit de près l’exemple donné par le Shogoun : le daimyo fait égorger ses deux jeunes frères et condamne au feu trois seigneurs et leur famille. L’évêque du Japon, Louis Cerqueira, de son côté, est mis à mort. L’ère des martyrs est bien définitivement ouverte. Comme pour légaliser les cruautés qui se commettent, Yeyasu lance, en 1614, son célèbre édit : Tous