Page:Vogt - Le catholicisme au Japon, 1905.pdf/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’au jour de son abolition en 1848. Cependant, pour autant la persécution ne cesse pas, c’est à peine si elle se ralentit. Toutefois, les conversions n’en continuaient pas moins. Au dire du P. Marnas, en le seule année 1599, il y eut 70.000 conversions et, en 1605, le Japon comptait dix-huit cent mille chrétiens. Les ordres les plus divers étaient venus donner la main : aux ouvriers de la première heure. — Jésuites, Franciscains, Dominicains, chanoines de Saint-Augustin, fondaient, malgré la persécution, des églises, des hôpitaux, des écoles, des noviciats, voire même un observatoire à Osaka et une académie à Myako. En 1613 encore, le daimyo de Sendaï envoie une ambassade à Paul V et au roi d’Espagne ; mais c’est le dernier jet de lumière avant l’obscurité de la nuit orageuse.

La cause du suprême bouleversement qui amena la fin momentanée de cette noble église, n’est pas, en vérité, très facile à démêler, car l’on a donné plusieurs motifs aux décrets qui chassèrent définitivement la religion du sol japonais. Il semble bien, cependant, qu’il faille attribuer la chose au double jeu de la politique et de la religion occidentales. Avec l’Espagne, en effet, la Hollande et l’Angleterre, quoique tardivement, s’étaient donné rendez-vous en Extrême-Orient. Or, le commerce d’une part, la religion de l’autre, faisaient de ces trois nations européennes des sœurs ennemies prêtes, partout, à en venir aux mains. Si l’Espagne catho-