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pérance et de foi les chrétiens innombrables qui les contemplaient comme la semence céleste d’où naîtrait, bientôt, la moisson d’or dont ils étaient les premiers épis. Le 5 février 1597, les martyrs furent conduits sur la colline de Tateyama, au nord de Nagasaki, et là attendirent, crucifiés, que le coup de lance du bourreau mit fin à leurs jours en déchirant leur poitrine. Alors, tandis que le supplice s’accomplissait, que des flancs à l’épaule le corps de chaque chrétien était transpercé, à l’image de celui du Sauveur, une voix d’enfant, pure comme celle d’un ange, s’éleva tout à coup, d’une des croix : « Laudatè, pueri, Dominum, enfants, louez le Seigneur », entendit-on. C’était Antoine, un petit servant de messe de treize ans, qui entonnait sur terre l’éternelle louange, la « laus perennis » de son Noël céleste qu’il allait continuer pour toujours dans l’éternité.

Cette tragique journée out un lendemain bien différent de celui qu’on aurait pu prévoir. Avant que de nouveaux martyrs ne remontassent sur leurs chevalets, Hideyoshi mourait, ne laissant qu’un enfant mineur sous la tutelle de Yeyasu Tokugawa dont le nom allait rester fameux dans les annales historiques du Japon, grâce à l’adresse avec laquelle il sut se faire donner le titre de Shogoun d’une part, grâce de l’autre, à la Fortune qui permit à sa famille de conserver le titre et l’autorité qu’il représentait, jus-