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méchants desseins, non pas certes des missionnaires, mais des Espagnols, vint déterminer le crise qui menaçait l’Église du Japon. En juillet 1596, un vaisseau marchand espagnol, le « Saint-Philippe », abordait subitement sur les côtes de la province de Tosa. Il fut saisi avec toute sa cargaison par les fonctionnaires d’Hideyoshi. D’où grande colère du capitaine qui n’imagine rien de mieux pour intimider l’officier que de lui montrer, avec la hauteur qu’on peut deviner, sur une carte du monde, les immenses possessions du roi, son maître. Surpris, le Japonais lui demanda comment une si vaste monarchie avait pu s’établir. « Par la religion et par les armes, lui répliqua le Castillan. Nos prêtres nous préparent les voies. Ils convertissent les peuples au Christianisme. Ensuite, ce n’est plus qu’un jeu pour nous de les soumettre à notre autorité. » Cette fois, il ne pouvait plus y avoir doute. Hideyoshi se décida à agir. Une liste de proscription fut dressée dont on garde vingt-quatre noms : neuf prêtres et quinze laïques, destinés à expier pour tous une imprudents et vaniteuse fanfaronnade. L’exécution eut lieu à Nagasaki. Les prisonniers, auxquels on adjoignit deux autres chrétiens, firent, héroïquement, le sacrifice de leurs jours, étonnant par leur courage, leur douceur et leur joie les païens qui les accompagnaient, sans pouvoir comprendre la force surnaturelle qui soutenait ces victimes innocentes, transportant d’amour, d’espé-