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ne durent, sans doute, pas être très ménagés, pour convaincre Hideyoshi qu’un complot se tramait contre lui et, qu’en fait, les missionnaires n’étaient autres que de vils espions au service de leur patrie. Et, en vérité, s’ils étaient instruits des événements du jour, s’ils connaissaient quelque chose des façons cavalières dont l’Espagne d’alors entendait la colonisation, il faut avouer que les bonzes avaient beau jeu. Quoi qu’il en soit, Hydeyoshi se laissa convaincre et, dès 1587, la persécution commençait. Les prêtres européens étaient chassés du territoire japonais, les églises étaient détruites : « Sous prétexte de procurer le salut éternel après cette vie, disait Hideyoshi, les prédicateurs de la religion chrétienne se concilient l’esprit des peuples et se les attachent afin de pouvoir les soulever à leur gré contre le monarque du Japon. C’en eût été fait de moi si je n’avais prévu le péril[1]. » Cependant cette première persécution ne fut qu’une alerte. Tout corrompu que fut Hideyoshi, il n’était point cruel et la persécution n’eut rien de sanglant. Peut-être, du reste, n’était-il pas autrement convaincu du : complot qui se tramait contre ses États.

Dix ans s’étaient à peine écoulés depuis ce premier édit lorsqu’un événement assez caractéristique et propre, assurément, à confirmer le roi dans ses craintes contre les

  1. Bouix, Histoire des vingt-six martyrs du Japon, cité par Marnas, p. 23.