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pays pour annoncer la doctrine à laquelle ils venaient d’adhérer ; on put voir une province, celle d’Arima, compter quinze cents fidèles baptisés avant même que les missionnaires y eussent pénétré ; on put voir les plus puissants daimyo, d’Omura, d’Amakusa, des îles Goto devenir néophytes et en traîner à leur suite les meilleurs de leurs vassaux. Dès 1582, le Japon comptait 200.000 chrétiens et 250 oratoires. L’Église était assez prospère pour envoyer à Grégoire XIII une ambassade, composée de trois princes japonais, et montrer par cet exemple à l’Europe étonnée que la foi ne disparaît jamais d’un peuple sans passer à un autre.

Ces merveilles apostoliques, malheureusement, furent de courte durée. De tels succès ne pouvaient aller sans susciter bien des haines et aussi peut-être bien des imprudences. Les bonzes, voyant la richesse et l’influence leur échapper peu à peu, commencèrent à s’agiter et à chercher, contre les chrétiens, des griefs qu’ils pourraient exploiter à la faveur du nouveau règne qui venait de s’ouvrir en 1592. En hommes avisés, ils allèrent les puiser à ces sources toujours passablement troubles et corrompus, en tous temps et en tous lieux, et d’où naissent les grands torrents dévastateurs : celles de la politique. Fort habilement, ils profitèrent des moindres démarches, des plus insignifiantes paroles dont l’orgueil et la jactance espagnols, en ces années de gloire et de triomphe,