Page:Vogt - Le catholicisme au Japon, 1905.pdf/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Credo traduit en japonais. Successivement, Kagoshima, Hirado, Yamaguchi, Bungo reçoivent ses instructions et, quand il part pour la Chine, le Japon compte déjà plusieurs milliers de chrétiens. L’Église japonaise était fondée et solidement fondée.

Cette première aube du Christianisme qui apparaissait, soudain, radieuse au fond de l’Océan, pour éclairer d’une lumière toute divine les ténèbres dans lesquelles semblait s’ensevelir l’Europe, devait bientôt se diaprer de couleurs sang. C’est la rançon demandée à l’Église avant toutes ses grandes œuvres. Déjà, lors de la courte apparition de saint François au Japon, un des princes les plus puissants de la féodalité japonaise, le prince Setsuma, publia un édit contre le Christianisme et ceux qui le prêchaient ; mais ce n’était encore qu’une mesure sans conséquence. Les Jésuites, successeurs de François, continuèrent à prêcher l’Évangile en toute liberté. Tandis que les conversions se multipliaient dans tous les milieux et sur toute l’étendue du territoire, une efflorescence de vertus, comme seule en peut susciter l’Église, se manifestait, plus éloquente et plus persuasive que la parole, si chaude et si vibrante qu’elle puisse être. Ce fut l’heure des admirables dévouements, des sublimes leçons de choses. On put voir, par exemple, deux bonzes venus de Myako renier leurs superstitions, abandonner leurs temples et, sous le nom de Paul et Barnabé, parcourir le