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quèrent moins ; son talent inquiet chercha dans d’autres directions, et même dans la drôlerie, avec la farce qui porte ce singulier titre : la Femme d’un autre et le mari sous le lit. La plaisanterie y est grosse et lourde ; ce qui manquait le plus à notre romancier, c’était la bonne humeur ; il avait la finesse philosophique et la finesse du cœur, il n’entendait rien à cette finesse qui est le sourire de l’esprit. ― La destinée allait se charger de le remettre dans son chemin avec la rudesse qu’elle apporte parfois à ses indications. Nous touchons à la terrible épreuve qui constitue à cet homme une physionomie tragique entre tous les écrivains.


II

On a vu plus haut quel esprit animait les cercles d’étudiants qui se formèrent après 1840, comment ces jeunes gens se réunissaient pour lire et discuter Fourier, Louis Blanc, Proudhon. Vers 1847, ces cercles s’ouvrirent à des publicistes, à des officiers ; ils se relièrent entre eux sous la direction d’un ancien étudiant, l’auteur du Dictionnaire des termes étrangers, l’agitateur Pétrachevsky. L’histoire de la conspiration de Pétrachevsky est encore mal connue, comme toute l’histoire de ce temps. Il est certain néanmoins que deux courants se dessinèrent parmi les affiliés : les uns se rattachaient à leurs prédécesseurs, les décembristes de 1825 ; ceux-là se bornaient à rêver l’émancipation des serfs et une constitution