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Un soir de décembre, au temps de la pleine lune, comme il commençait sa visite habituelle, quelque souffle éteignit sa lampe sur le seuil du salon Carré. Il n’essaya point de la rallumer, tant était charmante la colonne bleuâtre qui descendait des plafonds vitrés, toute droite dans le vide de la longue galerie. Ce jour de limbes semblait le jour naturel de ceux qui habitaient là. Il ne s’étonna pas de les distinguer, bien que la clarté laissait dans les ténèbres les murs où les tableaux sont fixés. Il embrassait d’un coup d’œil les figures connues ; elles s’avançaient dans l’espace éclairé. Il les voyait toutes et de fort loin, comme sorties de leur plan. Il les perdait et les retrouvait dans une mobilité perpétuelle. Les unes apparaissaient, les autres disparaissaient. Était-ce la lune qui cheminait, des nuages qui la voilaient, le jeu capricieux des lumières et des ombres ? Il ne cher-