Page:Vogüé - Le Portrait du Louvre, paru dans le Journal des débats, 25 décembre 1886.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le lendemain, quand la foule rentrait dans le Musée, c’était toujours quelque chose de pénible et d’inattendu. Ces créatures d’une autre race, brusques et lourdes, passionnées et loquaces, l’inquiétaient comme des revenans qui auraient surgi dans son monde réel. Il les contemplait dans la disposition où nous sommes quand nous étudions les personnages peints : un mélange de sévérité critique et de détachement. Il ne se demandait pas ce que tel visiteur pensait de tel portrait, mais ce que le portrait pensait du visiteur. Le plus souvent, cette foule lui apparaissait, dans un grand recul, vague et décrue ; un peuple étranger que l’on quitte et dont le bruit indistinct meurt derrière nous.