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midi.

sionnels de l’indiscrétion parisienne. J’espérais tirer au clair le mystère de cette existence qui m’intrigue ; à peine si la belle muette m’a donné quelques indications sur son état civil, durant nos entretiens de l’autre soir. La fête de l’amiral défrayait encore les conversations ; je n’ai pas eu besoin d’une diplomatie très savante pour les arrêter sur la personne dont je voulais entendre parler. Mes coups de sonde répétés ont ramené des renseignements assez vagues ; par extraordinaire, ils n’étaient pas assaisonnés des médisances attendues.

On la connaît peu dans nos milieux parisiens, elle n’y fait que de rares apparitions. Élevée en province, elle a été mariée très jeune, dès son entrée dans le monde, à un étranger : un descendant de ces familles phanariotes dont les noms sonnent pompeusement dans l’histoire, et qui émigrèrent de Constantinople en Russie pour fuir les persécutions, lors de la guerre de l’indépendance grecque. Ce prince exotique, avarié par un long et joyeux abus de la vie de Paris, cherchait à se refaire sur le marché matrimonial ; la jeune fille était riche, les parents ambitieux ; il semble que ce mariage n’ait accouplé, comme tant d’autres, qu’une fortune et une vanité, aux dépens d’une