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jean d’agrève.

oh ! très jolie femme, ne marchandons pas ; ma vanité piquée par son choix, ma curiosité par le silence qui a suivi son appel, par l’énigme indéchiffrable de ce visage, de ce regard ; notre fuite sur la mer endormeuse de volonté, conseillère d’amour, à l’heure pâle où les eaux sont moites de volupté dissoute, à l’heure sombre où elles boivent l’humide langueur des feux d’étoiles ; les sens émus du grand émoi de la vie universelle, si douce à l’anuiter ce soir, la promenade tardive sur le chemin d’Hyères, dans le parfum des champs de roses et de tubéreuses assoupies, — je ne sais qui l’a voulu, elle ou moi, elle et moi, j’ai reconduit ces dames jusqu’à leur porte. L’adieu sur le seuil de cette porte, l’invitation à la venir voir : politesse obligée ; pourtant quelque chose tremblait dans cette voix grave, quelque chose implorait sous la formule banale. Enfin mon retour léger sur la route, avec dix ans de moins, derrière le léger fantôme déjà maître de tout l’espace devant moi, déjà incorporé à cette mer où je le cherchais, après tant d’autres, comme tant d’autres, pendant que Savéû me ramenait à l’île… Un chant de pêcheur était si triste, à la pointe de Bagaud…

Eh bien ! quoi ? Connu, tout cela. Cas simple.