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jean d’agrève.

bla les curieuses égrenées dans toutes les parties du navire.

Je vois encore la place où nous étions à ce moment, appuyés sur l’habitacle de la boussole, tout au bout de la dunette. À l’invitation de l’amiral, deux personnes accoudées sur le couronnement se retournèrent : l’une toute jeune, l’autre âgée, et qui paraissait la mère de sa compagne. Je les avais croisées deux ou trois fois sur le pont, pendant le bal : leurs figures m’étaient inconnues, je les prenais pour des étrangères ; d’autant plus qu’elles semblaient avoir peu de relations dans le monde qui nous entourait. Elles causaient à part, contemplaient la mer et le spectacle animé de l’escadre ; la jeune femme ne dansait pas, elle répondait distraitement aux galanteries des officiers présentés par l’amiral. Sa beauté avait attiré mes regards à la première rencontre ; et je me souviens du rire que fit éclater, dans un groupe où je me trouvais, l’hommage involontaire d’un vieux quartier-maître : tandis qu’elle examinait la machine, le matelot, tout benoît d’admiration, n’avait pu retenir derrière elle ce cri : « Nom de nom, la jolie frégate ! »

Cette beauté me frappa plus vivement