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jean d’agrève.

perbe, les cuirassés blancs buvaient cette lumière ; le tremblement de l’air chaud sur leurs flancs semblait la respiration de ces colosses, pâmés dans la volupté des souffles tièdes. La mer en fête avait mis tous ses diamants, elle souriait à ses hôtes, ardente et molle ; le clapotis joyeux de ses courtes lames bleues chantait sous les carapaces luisantes des énormes monstres, hérissés de leurs apparaux, sous les blanches baleinières portant des officiers d’un navire à l’autre, sous les embarcations qui amenaient les groupes d’invités. Des fusées de petits cris partaient de l’échelle encombrée, aux coups du ressac poursuivant de sa caresse les pieds des danseuses qui sautaient sur la claire-voie, accompagnant de son murmure le frôlement des robes contre les tôles. Les accords d’une valse attaquée par la fanfare descendaient du pont, s’épandaient sur l’eau avec le caquetage et les rires des femmes en toilettes claires qu’on voyait là-haut, circulant entre les agrès, entre les bérets des matelots, ou penchées sur la bande étincelante de la lisse, sous le claquement des toiles de tente, dans le miroitement des rayons réverbérés par les flots, accrochés aux cuivres du bastingage, aux ors des uni-