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jean d’agrève.

Il hésitait, pourtant, il cherchait une bonne excuse. Je lui représentai fortement l’inconvenance du procédé ; on le savait en déplacement de chasse à Port-Cros, — c’était le prétexte dont il colorait ses retraites dans l’île, — sous les longues-vues de l’escadre ; son abstention serait interprétée comme un manque d’égards envers ses camarades et ses supérieurs. J’eus raison de ses répugnances. — Que de fois je me suis reproché amèrement mon intervention malencontreuse ! Que de fois j’ai regretté ma visite à Port-Cros, ma maudite pression sur l’ami qu’un instinct obscur avertissait !… Puis, mon remords se calme, devant l’arrêt évident du sort : rien n’eût pu conjurer la force immaîtrisable qui préméditait son œuvre et allait l’accomplir… Mais n’anticipons pas.

— Soit, fit Jean, puisque tu le veux ; mais à une condition. Je t’emmène. Tu as reçu maintes fois l’amiral dans le Levant, il sera enchanté de revoir une vieille connaissance. Tu feras des frais à ma place avec les belles dames du littoral ; nous irons dîner à Hyères en quittant le bord et je t’emballerai dans le train de Marseille : tu arriveras juste à temps pour ton paquebot.

Le lendemain, Savéû astiquait dès l’aube