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jean d’agrève.

jour. J’ai vu dans les deux hémisphères des panoramas plus fameux ; ils ne passaient point en grâce et en majesté ce spectacle changeant à chaque mort du soleil. Là-haut, l’île entière se ramasse sous mes yeux, avec ses pentes forestières allant noyer leurs derniers pins dans les haies, ses vallons allongés sur un versant, et, sur l’autre, ses ravines boisées dégringolant à pic dans le gouffre.

Au nord et à l’ouest, le cercle de mer est brisé par des terres d’une infinie variété de lignes et de couleurs. De la pointe de Saint-Tropez aux cimes rocheuses qui surplombent Toulon, la côte du littoral développe ses plans de forêts bleuies, étagés jusqu’aux montagnes des Maures. Les maisons d’Hyères pendent en grappes blanches sur la pyramide qui les porte ; plus près, la presqu’île de Giens s’avance dans le chenal de Porquerolles. De ce côté, les terres et les eaux où tombe le soleil font une succession de barres tantôt lumineuses, tantôt sombres : l’arête de Bagaud, d’abord ; puis la silhouette élégante de Porquerolles, avec ses bizarres grand’gardes, les îlots des Mèdes, écrans de granit qui interceptent ou laissent filtrer entre leurs déchirures les rayons obliques ; enfin Saint-Mandrier et la rade de