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aube.

de montagne coupé à pic sur l’abîme. Une robe de pins tordus par le vent du large tremble perpétuellement sur les flancs de la roche, descend par endroits jusqu’à ses pieds ; ailleurs, la paroi lisse et nue reçoit le soleil sur son miroir aveuglant, phare diurne que les navigateurs distinguent de très loin.

Au nord et à l’ouest, les chaînons s’inclinent doucement jusqu’aux plages qui regardent le continent. Sur leurs pentes, les forêts de chênes verts et de pins d’Alep alternent avec un épais maquis d’arbousiers, de myrtes, de romarins, de bruyères. Ces arbustes atteignent et dépassent la taille d’un homme. Au moment où j’abordai à Port-Cros, les hautes bruyères blanches fleurissaient, l’île entière était couverte de ces grands bouquets vert et blanc, mariés aux étoiles bleu pâle du romarin, aux touffes argentées du cinéraire maritime. Abritées entre les coteaux, des vallées se creusent et s’évasent vers la mer, elles lui portent les ruisseaux qui vivifient dans ces fonds tièdes la végétation méridionale : oliviers, amandiers, mûriers, vignes, figuiers. Je ne retrouve pas à Port-Cros l’Afrique de parade et de serre chaude créée par les jardiniers de la Corniche sur quelques points de notre