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jean d’agrève.

uniquement pour éclaircir mes idées, pour fixer mes souvenirs. Mes Quarts de nuit ne feront pas gémir la rotative, je t’en réponds. — Enfin et surtout, je m’emplis les yeux de nature, de formes et de couleurs admirables. La beauté parfaite ne lasse jamais. Tu te souviens de ce matin de printemps où tu me trouvas sur l’Acropole, agenouillé devant les Errhéphores de l’Érechtheion : je voulais t’étrangler et te jeter à la mer, pour m’avoir surpris en si ridicule posture. Eh bien ! on s’agenouillerait de même devant certains aspects de mon île. Viens t’en convaincre. Je t’attends. Je te méprise à cause de ta lettre ; je te raimerai bien fort, bonne bête, si tu viens chez ton vieux

jean d’agrève. »

J’avançai mon voyage de trois jours ; je me rendis à l’invitation de mon ami. J’étais curieux de voir comment l’animal apprivoisé s’était de nouveau ensauvagé. Jean vint me chercher à Hyères et me conduisit dans son royaume. Il n’avait pas exagéré l’agrément de cette terre infréquentée, qui érige son plateau de forêts sur une aire d’une vingtaine de