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jean d’agrève.

l’espèce, vient un âge où il peut encore nous distraire, où il ne peut plus nous faire prendre des vessies pour des étoiles. D’obligeantes douairières ont voulu me marier. Non, me vois-tu dans cette fonction civique ? J’ai engagé ces braves dames à capturer d’abord l’albatros et le courlis, à les faire nicher et pondre en cage : après quoi je me déclarerai vaincu par l’exemple de ces frères.

« En un mot, la comédie qui m’amusa un temps a cessé de me divertir, elle ne vaut plus pour moi le prix dont on paie sa place. Je me suis dit un matin que c’était trop bête de continuer ainsi, sans but, sans contentement vrai, sans ressort pour la vie intérieure. J’ai filé, je replonge dans l’eau, mon eau mère. Je demande un bâtiment que nos sacrés bureaux me font attendre. Sur ces planches, du moins, on retrouve l’indépendance dans une règle rationnelle, le sérieux, le loisir de penser, la fierté de vivre. Commander librement et impérieusement cette belle machine, la conduire à l’inconnu, c’est un emploi d’homme. J’irai voir si les parties de la planète qui me sont familières ont changé, ce dont je doute ; si les parties que j’ignore ont quelque chose de neuf à m’offrir, et ce n’est guère plus pro-