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jean d’agrève.

j’ai joué avec les idées épanouies dans cette douce anarchie : la pensée, la philosophie, la littérature, l’art… Ouf ! J’en eus vite les oreilles assourdies, de leurs cymbales. Quel tintamarre de mots, squelettes qui renfermèrent jadis une substance, vidés aujourd’hui par un trop long usage, abstraits, scolastiques, entre-choqués pour le plaisir d’un vain bruit. Chimæra bombinans ! Est-ce donc que tout a été dit ? On le prétend ; je ne sais, mais j’étais stupéfait d’ouïr les derniers cris. La vieillerie de toutes ces nouveautés m’a lassé, le faux neuf m’a redonné l’amour du vrai vieux. Faux neuf, nos pessimistes, ces noirs compagnons qui prennent un verset de l’Ecclésiaste et le gonflent en un volume : Job et Salomon avaient purgé avant eux toute la bile humaine, nous n’en évacuerons pas de nouvelle, ni de plus amère. Faux neuf, ces symbolistes qui pointent à l’horizon : nous ne les avions pas attendus pour nous convaincre que d’Eschyle à Dante ; de Dante à Shakespeare, de Shakespeare jusqu’à nous, chaque vers, chaque ligne qui a mérité l’attention des hommes était du symbolisme, c’est-à-dire l’apparition et le retentissement, derrière un fait particulier, du mystérieux univers en