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aube.

qu’elle vient de les quitter, qu’elle arrive tout droit d’Orient pour nous chanter nos chansons de jeunesse. Comme là-bas, jadis, j’ai à t’offrir des perdreaux, des faisans, de vraies bêtes naturelles qui ne doivent rien à aucun garde-chasse. J’ai du poisson frais, des primeurs qu’on paierait au poids de l’or chez Chevet, j’ai même une maison, et charmante, pour abriter mon vieux ministre. Et j’ai toujours ma vieille amitié pour lui.

jean d’agrève. »

Je lui répondis, autant qu’il m’en souvient, par des plaisanteries sur ce sanatorium, une ambulance où le blessé avait dû entrer à la suite d’un coup de couteau dans la région du cœur ; quelques semaines de convalescence, et il n’y paraîtrait plus : les Parisiennes verraient revenir le beau soldat sur la ligne de bataille. Ces taquineries me valurent une autre lettre, d’un ton légèrement piqué. Le d’Agrève natif s’y débondait, avec l’absolu de ses jugements, l’exagération qui en gâtait la perspicacité, ce quelque chose de rêche et d’intransigeant par quoi il s’aliénait la sympathie des gens pondérés. Voici cette lettre