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jean d’agrève.

vole de là pour on ne sait où. S’ennuyant nonobstant à Toulon, il est venu se terrer dans le maquis de Port-Cros, l’île où j’ai loué une case et pris la succession des anciens cénobites. Dès que mes affaires de service, qui sont nulles, me laissent le loisir de quitter l’Arsenal, je fais voile pour mon ermitage, et je relève à peu de frais le marquisat des Îles d’Or. Tu ignores où Port-Cros se place ? Tu l’apprendras. Un vrai paradis terrestre, tu en jugeras. Tu vas, me dis-tu, administrer notre humiliation en Égypte ; tu n’aurais pas la barbarie de t’embarquer à Marseille avant de venir me serrer la main. Pousse jusqu’à Hyères ; tu verras en face de toi les trois îles qui ferment si gracieusement l’horizon de la rade. Port-Cros est celle du milieu. Tu affréteras une barque aux Salins, et, si la mer t’est propice, tu seras en deux ou trois heures dans le sanatorium où je me guéris de la névrose parisienne. Viens, cela nous rajeunira ; tu te croiras dans l’Archipel, au temps lointain où le perdreau grec nous attirait à Imbros, à Limni, où nous en faisions de si beaux abatis dans les fourrés de laurier-rose. Mon île ressemble paradoxalement à ses sœurs de la mer Égée, on jurerait