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aube.

habitude et finalement oublié dans un coin, jusqu’au jour où les déménageurs de M. de Borniol l’emportent dans l’inattention générale.

Mon jugement était trop hâtif. Au commencement de 1883, je revins chercher à Paris ma nomination de ministre au Caire. Je courus chez Jean : il avait disparu, on était depuis quelques mois sans nouvelles de lui dans les maisons qu’il fréquentait le plus assidûment. Je me renseignai au ministère de la Marine : le lieutenant d’Agrève s’était fait attacher au port de Toulon, il sollicitait un commandement à la mer. En réponse à la lettre où je le sommais de me donner signe de vie, mon ami m’écrivit ces lignes :


« Port-Cros des Îles d’Or.

« Le Bédouin n’est pas mort, mon bon, ou du moins il est ressuscité. Tu sais bien, toi, vieil Oriental, qu’on ne les civilise jamais. Le tien vague présentement dans une île sauvage. S’ennuyant de s’amuser à Paris, il a pris la fuite vers un port, un de ces lieux que j’ai toujours aimés, parce qu’ils vous disent à toute heure par toutes leurs voix qu’on s’en-