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aube.

où l’on ait le droit de nous raser avec ces brûle-toujours.

On échangea d’autres observations, graves ou plaisantes, profondes ou lestes. Toutes attestèrent la conviction découragée de ces messieurs et de ces dames : il y avait beau temps qu’elle était perdue, la recette du philtre versé par Brangien dans la coupe d’lseut.

— Demandez plutôt au sage Nestor, dit le membre du Petit-Club en se levant pour prendre congé.

Qui ne connaît en Europe Nestor du Plantier, diplomate d’âge mûr, oracle en disponibilité, « le dernier de la tradition », comme il se nomme lui-même ? Redevable à un père helléniste de son prénom de bon augure, à un oncle industriel de la fortune qui lui ouvrit la carrière, il fut longtemps l’un des plus notoires dans ce petit compagnonnage de bohémiens corrects, perpétuellement voiturés de Pétersbourg à Madrid, de Washington à Pékin, avec quartier général à Paris, et qu’on retrouve partout les mêmes, autour de la même table de whist, de la même table à thé, courtisant les mêmes femmes, rédigeant la même dépêche, ébruitant les mêmes secrets d’État