Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée
105
midi.

de bonheur terrestre. — Paroles apprises, pensais-je d’abord en l’écoutant ; mais non : à mesure que je la pénètre mieux, je la sens vraie et spontanée dans ce désir comme dans tout ce qu’elle me dit ; et je suis tenté de croire qu’elle ne s’abuse pas sur le mystère physiologique qu’elle constate, lorsqu’elle ajoute :

— Mourir ne serait point pour moi une action violente ; il me semble parfois que je retiens ma vie par un effort de volonté, et qu’elle fuirait insensiblement si je la laissais aller, comme part l’oiseau captif quand s’ouvre la main qui lui comprimait les ailes.

À mes plaintes sur la contradiction qu’il y a entre ce vœu de fuite et son amour qui m’invoque, elle répond :

— Je vous aime, mais vous ne comprenez pas : vous serez pour moi le chemin enchanté vers la mort.

Et l’instant d’après, avec l’illogisme de la souffrance et de la passion, cette jeune vie se révolte, frémit de toutes ses puissances immobilisées ; c’est une autre Hélène qui se réfugie dans mes bras, qui murmure tendrement :

— Prenez-moi, emmenez-moi dans votre île, loin du monde qui me fut mauvais, près