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jean d’agrève.

vements, d’instinct tout mon être les faisait déjà. Nos regards se cherchaient, s’évitaient ; les pauvres miens n’étaient pas assez forts pour vous amener ; mais, dans les vôtres, je sentais déjà venir votre âme, elle s’acheminait vers moi à votre insu. Je l’ai tant appelée !

« Sur le vaisseau, dans notre première conversation, quand vous m’avez laissé voir votre dégoût du monde, — ah ! il n’égalera jamais le mien ! — quand vous avez dépeint votre île et l’existence que vous y menez, j’ai reconnu mon plus cher rêve : tout a crié en moi que j’étais faite pour vivre là, de cette même vie, heureuse comme vous, avec vous, par vous, oh ! enfin heureuse !

« Voulez-vous que je le sois ? Entendez le cri de souffrance et de vérité que je n’ai pas su vous taire.

hélène. »

quarts de nuit

25 mars. — Ah ! c’est bien fini de mes doutes, de mes velléités de lutte ! Elle m’a pris comme la mer montante prend sur le sable la seiche que son reflux emporte, cette