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approche de leurs coreligionnaires, s’étaient jetés sur les chrétiens, égorgeant les hommes et incendiant les maisons ; nous voyions distinctement le massacre des malheureux Arméniens, les femmes et les enfants précipités dans les brasiers. Les cavaliers turcs se joignirent aux Kurdes pour piller le quartier chrétien et emmener le bétail ; il ne resta qu’un monceau de ruines et de cendres.

Nous nous étions barricadés à la hâte, en bouchant avec des pierres les portes et les brèches du mur ; notre approvisionnement consistait en une petite réserve d’orge et quelques caisses de biscuit. Ce qui nous inquiétait le plus, c’était le manque d’eau : dès le premier jour, l’ennemi détourna la source qui alimentait la citadelle. Un autre ruisseau coulait dans la vallée, à trois cents pas du rempart ; mais l’approche nous en était