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— Mais non ! c’est lui qui est bon ! c’est lui qui est un héros ! Quand j’ai envie de le battre, je me rappelle le siège de Bayazed, et alors je suis tenté de l’embrasser. Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler du siège de Bayazed. Eh bien ! si ce glorieux fait d’armes illustre notre histoire, c’est peut-être à Pétrouchka que nous le devons.

Je regardai avec étonnement l’ancien soldat. Je connaissais cet épisode légendaire de la guerre de Turquie, la défense de Bayazed. Au mois de juin 1877, l’armée russe du Caucase, forcée de battre en retraite, avait jeté dans cette petite place quelques compagnies de réguliers et quelques pelotons de Cosaques, environ 1,500 hommes, commandés par un major. Coupée du gros des forces russes, qui rétrogradaient sur Érivan, entourée par 20,000 Turcs, cette garnison avait tenu bon pendant vingt-trois jours,