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assez sèchement tournée : « On se moquait de lui, vraiment ; croyait-on qu’il fût facile de trouver un Fédia dans nos possessions d’Asie et qu’il n’y eût qu’un seul vagabond de ce nom ? Depuis un an, il était mort deux Fédia à l’hôpital de Tomsk et trois à l’hôpital de Tobolsk, sans parler des autres. Si les fonctionnaires de l’intérieur n’avaient pas des dossiers mieux en règle, il ne leur restait qu’à venir vérifier eux-mêmes les registres d’écrou de toute la Sibérie, pour retrouver leur Fédia dans le tas des déportés, vivants ou morts. »

Quand on apprit dans le village l’insuccès de nos démarches, Akoulina apporta un panier d’œufs au prêtre, en le priant de célébrer un service pour le repos de l’âme du pauvre oncle Fédia. Nous allâmes tous à l’église. Jamais je n’ai prié d’aussi bon cœur ; pour la première fois, je compris bien