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Akoulina, qui est peut-être bien innocente… » Je menaçai le colporteur, et, comme il avait grand’peur de moi, il s’éloigna en tremblant. C’était une âme du bon Dieu : il aura pris pitié de la veuve et de ses enfants ; il se sera livré pour les sauver… Et moi, misérable pécheur, je me suis tu… Père, dites qu’on répare l’injustice, pour qu’elle ne pèse pas sur mon âme ! Y a-t-il un pardon pour moi ? – Je n’ai eu que le temps de l’absoudre : ce malheureux est mort dans l’épouvante de son péché. »

Immédiatement nous emmenâmes le prêtre chez le gouverneur de la province. On fit écrire en Sibérie, de tous côtés. Des mois se passèrent en correspondances inutiles. Faute d’indications suffisantes, on ne savait là-bas quel déporté nos magistrats réclamaient. Enfin le gouverneur général de la Sibérie a clos la correspondance par une lettre