Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

la perte n’est pas grande ; c’était une espèce de sauvage, mauvais coucheur et redouté des paysans.

« – Oui, reprit le prêtre, mais vous ne savez pas le plus terrible ; cet homme m’a fait chercher au moment de mourir et m’a confié son secret : – Père, m’a-t-il dit, je suis un grand pécheur ; c’est moi qui ai brûlé Ivanofka dans le temps, pour me venger du seigneur de là-bas, qui avait jadis fait partir mon fils comme recrue. – Que dis-tu ? C’est le colporteur Fédia qui a commis et expié ce crime. – Non, père, c’est moi. L’oncle Fédia avait couché dans ma grange, même qu’il m’a vendu le pot de goudron avec lequel j’ai mis le feu. Je crois bien qu’il s’est aperçu de quelque chose et qu’il me soupçonnait. Le matin du jugement, il passa au moulin et me dit d’un air entendu : « Il y aura aujourd’hui un grand malheur, on va condamner