Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’étonnement du premier instant faisait place à une persuasion nouvelle dans l’esprit des juges et des auditeurs. Peut-être cette persuasion était-elle aidée par le désir secret que nous avions tous de voir le châtiment détourné de la tête d’Akoulina. Tout nous préparait à trouver le coupable dans ce vagabond, sur qui les soupçons de la première heure s’étaient si naturellement portés : l’instruction ne l’avait abandonné qu’à regret, faute de preuves suffisantes, et sans renoncer à l’espoir de faire la lumière sur ses mensonges. N’était-ce pas la justice divine qui éclatait, en le forçant à se déclarer au moment où il allait perdre une innocente ? Depuis qu’il parlait, il y avait une détente dans la salle, au lieu de l’angoisse qui nous oppressait auparavant, un sentiment confus que toutes choses étaient remises en leur place, pour le mieux.