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qui et quels propos, impossible de le savoir au juste ; d’autres avaient vu rentrer Akoulina, le matin, mais d’où et par quelle route, ils ne se souvenaient pas. Deux ou trois commères ne purent se tenir de raconter que l’accusée les avait battues ; l’une d’elles ajoutait, il est vrai, que cette femme se tuait de travail, que les trois petits enfants étaient des anges du bon Dieu, et que ce serait bien malheureux pour eux, ce qui allait arriver.

L’avocat, un petit blond imberbe, intimidé par les gros bonnets de l’auditoire, enfila quelques phrases pour appeler la pitié du tribunal sur cette veuve ; il plaça une harangue sur l’émancipation des serfs, qui devait ramener la concorde entre les classes.

Akoulina n’avait prêté aucune attention à l’interrogatoire des témoins ni aux paroles de son défenseur. Son regard errait toujours de