Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/240

Cette page n’a pas encore été corrigée

à sa personne ; loin de moi l’idée qu’il y eût là un calcul ; cette âme régulière en était bien incapable. J’étais désormais de toutes les promenades de la châtelaine ; je l’accompagnais dans son parc, recueillant d’une main empressée les perles de givre qui se prenaient aux zibelines, lorsqu’elles frôlaient les basses branches des bouleaux ; je la suivais sur les étangs où elle se divertissait à patiner ; quand elle trébuchait dans sa course rapide, j’étais derrière elle, tremblant de peur que mon trésor ne fût déchiré dans quelque chute, prêt à le recevoir dans mes bras pour le préserver. Si elle montait en traîneau pour une excursion plus longue, je m’asseyais à ses côtés ; je bénissais les cahots de la piste, quand, en secouant l’étroit véhicule, ils ramenaient contre mon épaule et sur ma main le doux velours bleu, sa chaleur et son parfum.