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héroïne se dépouillait de mon manteau, je me livrai à cet examen sommaire qui est la première politesse due par un homme à une femme avec laquelle il entre en relations. Il n’y avait pas à dire, c’était bien ma statue qui m’apparaissait, une statue telle que je l’avais devinée à son enveloppe, avec un nez en plus, seulement. Était-ce ce nez qui me dérangeait ? Je ne sais, toujours est-il que l’apparition ne me fit aucun plaisir et resta fort distincte pour moi de la vraie, celle qui habitait la pelisse. Les cheveux châtain doré y étaient pourtant, et les yeux gros-bleu. Elle demanda du thé à la servante ; à l’accent des premiers mots russes qu’elle prononça, je reconnus une polonaise. Tout, d’ailleurs, trahissait chez elle cette famille particulièrement redoutable dans l’espèce féminine : le regard électrique, le parfum vénéneux, la souplesse