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objets et leur prête des proportions démesurées. Après les intéressants pensionnaires de nos maisons de correction, c’est aux marins et aux propriétaires russes qu’il eût fallu dédier l’araignée de Silvio Pellico. La polonaise – qu’elle me pardonne la comparaison – devint mon araignée. Bientôt son influence balança sérieusement celle de Rhamsès. Je la regardais vivre, de sa vie muette et cachée. C’était un corps sans âme, il est vrai, mais comme ces corps que l’âme vient de quitter et qui gardent après l’abandon une expression si intense. Je cherchais l’âme, naturellement, et mon imagination oisive, lâchée en liberté, passait ses meilleures heures à se perdre en hypothèses sur l’aventure qui avait amené chez moi l’égarée, sur l’éternel féminin qui s’était naguère incarné dans cette enveloppe. Je reconstruisis tous les types de femme que ma riche mémoire