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les cahots, le zemstvo et la bêtise d’Ivan, quand le postillon me remit triomphalement le manteau retrouvé, en baisant ma main qui lui coulait un rouble. Je déchirai le papier, mes doigts gourds de froid enfoncèrent doucement sous la caresse d’une chose moelleuse, délicate et tiède comme un souffle d’enfant. Je déroulai l’objet : jugez de ma surprise et de mon humeur en voyant se déployer, au lieu de mon vieux manteau, une de ces courtes pelisses que les dames appellent, je crois, des polonaises, en velours gros bleu fourré de zibelines qui me parurent d’un haut prix. Le vêtement était de forme ancienne, comme on les portait jadis en Pologne.

— Ah ! çà, quelle diable de plaisanterie est-ce donc là ? m’écriai-je en retenant le postillon.

— Je ne puis savoir, Osip Evguénitch ; c’