Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

grise, la vapeur de ces marais qui forment, comme on sait, la majeure partie et le plus pittoresque ornement de notre belle patrie. J’ordonnai à mon domestique d’apporter ma pelisse, un ample et chaud manteau de voyage fourré de renard, qui eût fait piteuse figure au vestiaire d’un bal élégant à Pétersbourg ; c’était le rude compagnon de mes chasses et de mes courses en forêt, un de ces amis de campagne solides et modestes, qu’on étreint sur son cœur en revenant au logis provincial, et qu’on ne salue plus quand on les rencontré d’aventure au quai de la Cour. – Ivan parut les mains vides et se gratta le crâne d’un air embarrassé.

— Pardon, bârine : c’est que… le manteau ne se trouve pas ; il aura bien sûr glissé de la britchka, Dieu sait… sur la route, pas loin…

— Comment, glissé sur la route ! tu as laissé perdre mon manteau ?