Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

proches, mandés de Pétersbourg, n’avaient pu encore arriver ; ses lanciers s’étaient dérobés dans quelque retraite, craignant les représailles populaires. Le prêtre lui ferma les yeux, récita l’office et partit, laissant selon l’usage son bedeau, pour psalmodier jusqu’au lendemain des prières sur le corps.

Mais les paysans ne sortirent pas avec leur pasteur ; ils ne pouvaient se lasser de regarder leur ennemi mort. Restés maîtres du château, ils écoutèrent d’abord en silence les litanies du bedeau, qui murmurait, dans un angle de la salle, les paroles des vengeances divines ; bientôt, ils s’enhardirent dans leur joie, les propos bruyants couvrirent la voix du psalmiste. Un jeune vaurien s’offrit pour aller chercher de l’eau-de-vie ; on apporta les brocs, on commença de boire et de s’enivrer. Mon père et quelques autres voisins