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Le gardien des abeilles n’attendit pas longtemps. Avant la fin de mon séjour, Pétrouchka était sur la table, sa toilette achevée pour la terre. L’église était abandonnée comme le reste du village, on alla quérir le clergé d’une paroisse voisine. Le prêtre vint : son sacristain menait un traîneau bas et long, sur patins de bois, de ceux qui portent les marchandises dans les villes. Un poulain roux, le poil frisé comme un épagneul, trottait au brancard. Quand l’équipage s’arrêta devant le perron, les gens de la cour plaisantèrent ce cheval et l’estimèrent dix roubles. Le sacristain se fâcha, défendit sa bête ; la discussion dura tout le temps que le prêtre donnait l’absoute. On chargea la boîte de sapin sur le traîneau ; le sacristain, blessé au vif, fouetta son poulain, et le pauvre Pétrouchka sortit de la cour, glissant sur la neige, rapide, sans bruit,