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instants des retours d’atavisme, des besoins subits de migration ; le village fermente comme une ruche qui essaime, et, un beau matin, le propriétaire se retrouve seul au milieu de ses champs en friche, sans bras pour les cultiver.

C’est ce qui m’est arrivé à la fin de l’été ; la chose s’est passée ici comme elle se passe partout, à peu de variantes près.

L’an dernier, trois familles, mécontentes de leurs lots de terre, étaient parties pour aller chercher fortune dans les districts du Sud. Le bruit se répandit qu’elles avaient trouvé des établissements magnifiques ; les mieux informés donnaient le chiffre des arpents de terrain concédés gratuitement aux émigrants, le total fabuleux de leurs gains ; on variait seulement sur le site de cet eldorado : les uns tenaient pour la Sibérie méridionale, les autres pour la côte de