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Et tenez, c’est une chose curieuse que l’homme, qui parvient à percevoir certaines vérités touchant le régime de son corps, se refuse à admettre ces mêmes vérités dans leur application à son âme. Tout individu sensé et instruit, à qui un médecin promettra de le guérir en vingt-quatre heures d’un vice du sang, par la seule vertu d’une ordonnance, traitera ce médecin de charlatan ; il sait que la faculté ne donne pas brevet pour faire des miracles, il n’accorde sa confiance qu’au praticien assez sérieux pour lui dire : « Avec un long, très long traitement, j’espère apporter quelque amélioration dans votre état. » Mais quand il s’agit de l’âme, et de l’âme d’un peuple, pour qui les années comptent par siècles, les plus sages croient à la vertu du morceau de papier et ne veulent pas se rendre à cette dure vérité, que le temps est le seul guérisseur. C’est très dur,