Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’idéal. Mais l’idéal, quel qu’il soit, c’est comme l’anguille, cela vous glisse toujours entre les mains à un moment donné ; alors nos héroïnes, aimant mieux s’avouer vaincues que trompées, trop fières pour revenir essayer du vieil idéal des bonnes, gens, sautent dans le néant. Et de même, bien que plus rarement, pour les hommes à organisation féminine, comme il s’en trouve tant chez nous. Quelques-uns, ainsi que l’écrivait Varvara, conçoivent autrement, leur revanche : ceux-là tuent autour d’eux. Heureusement, c’est le plus petit nombre ; la plupart ne font justice de leur déception que sur eux-mêmes.

Appelez cela nihilisme, si vous voulez, mais à condition de voir dans ce curieux phénomène moral plus qu’une conjuration politique. C’est un état d’âme ; dès que nous ne sommes plus des brutes ignorantes, nous en