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comme partout ; mais, dix-neuf fois sur vingt, c’est inutile pour expliquer l’épidémie de suicide qui sévit sur notre jeunesse. Allez faire intervenir l’amour quand ce sont des enfants de quinze ans, de douze ans, qui se tuent dans nos écoles ! On y est si habitué que l’annonce de ces deux suicides, à la fin du premier cours de médecine, passa inaperçue comme un fait normal, quand elle parut dans les journaux du moment.

Non, mon cher monsieur ; nos jeunes filles, en se heurtant à la vie, se suicident comme un obus éclate, tout simplement parce qu’il y a de la poudre dedans. La raison – la fameuse raison moderne – est venue gonfler d’orgueil ces âmes sauvages ; jetées par la science dans un monde nouveau, elles s’y font un idéal farouche de la vie, en dehors de toutes les anciennes formes de