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ceux qui demeurent dans les mêmes maisons que nous ; ils viennent parfois à nos réunions, ils apportent un journal que nous dévorons comme des naufragées, ils nous racontent les nouvelles. Ce sont de bons enfants, mais nous sommes tenues à une grande réserve dans nos rapports avec eux, car le monde, qui nous calomnie de confiance, se méprend sur la nature de ces intimités toutes fraternelles ; impossible de lui faire admettre que les préoccupations habituelles de notre sexe disparaissent ou changent de caractère chez des femmes éclairées par la science. En dépit des opinions invétérées dans la triste société qui nous poursuit de sa haine, je n’ai vu nulle part autour de moi, je vous l’affirme, ce que le monde appelle désordre. Certaines de mes compagnes, il est vrai, ont cru devoir associer leur vie à d’honnêtes travailleurs comme elles ;