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d’espace. Ma mère consentit à emmener sa protégée à Moscou.

Varvara Afanasiévna – c’est ainsi qu’elle s’appelait – se mit en tête d’étudier la médecine. C’était le courant du moment ; des centaines de jeunes filles, en Russie, voyant là une carrière possible pour elles, assiégeaient les facultés de médecine, réclamant avec instance leur admission aux leçons d’abord, puis aux diplômes et au libre exercice de cet art. Rien n’était organisé pour satisfaire leurs vœux ; on en admit quelques-unes par grâce à des cours spéciaux, ouverts dans un hôpital de Moscou. Varvara passait là ses journées depuis l’aube jusqu’à la nuit, penchée sur les tables d’anatomie, ne sentant ni le froid ni la faim, étudiant avec une passion toute féminine.

Au bout d’une année, l’état de nos affaires obligea ma mère à revenir à la campagne