Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/100

Cette page n’a pas encore été corrigée

la différence n’est qu’apparente ; ce sont les mêmes moteurs qui, bien ou mal dirigés, produisent des actions si diverses. J’ai essayé de vous faire entrevoir une face de l’âme russe, celle qu’on pourrait appeler l’ancienne. C’est la mieux explicable, en somme, et nous n’avons pas le privilège de l’héroïsme inconscient : votre moyen âge a connu des races pareilles à ce qu’est aujourd’hui la nôtre ; vous y retrouveriez mille traits semblables à ceux que je viens de rappeler. Tel croisé français ou allemand du XIIIe siècle ne devait guère différer de mon Fédia et de mon Pétrouchka.

Ce qui vous déconcerte, c’est la face nouvelle, l’aspect inattendu sous lequel se présente cette âme, quand un accident la précipite de son XIIIe siècle dans le XIXe. – Vous avez vu ce matin, mon cher monsieur, et vous avez bien voulu admirer, pour flatter ma